Depuis des années, nous soutenions le Centre culturel Ajial au Liban, dans un camp de réfugiés. En 2000, après le début de l’actuelle Intifada, et dans le sillage des missions civiles qui commençaient à se développer, nous avons décidé de monter un projet d’assistance en Palestine même. Mais où, comment, avec quelles orientations, quels moyens et quels objectifs ? Par où commencer ?
Nous en avons parlé à notre vieil ami Abdel Jawad Saleh (ex-maire d’Al Bireh près de Ramallah, ex-ministre de l’Agriculture, membre du Conseil législatif palestinien), et qui est en quelque sorte notre mentor : il nous a aiguillés sur la tribu bédouine Arab al Jahalin. Cette tribu, expulsée manu militari par les Israéliens de son Néguev ancestral en 1950, a échoué à l’époque en Transjordanie, tout près de Jérusalem, dans un lieu désertique maintenant dédié à l’expansion de la gigantesque colonie israélienne de Maalé Adumim, créée en 1981…
Une visite sur place nous a rapidement convaincus de l’intelligence et de l’adéquation de cette proposition : le dénuement de ces Bédouins était tel que nos moyens limités trouveraient une utilité immédiate. Leur proximité de Jérusalem rendait les visites et les réalisations aisées. Leur esprit de coopération et leur simplicité permettaient de faire rapidement des arbitrages. Entre deux visites sur place, le contact avec les Jahalin restait permanent car il passait par l’intermédiaire d’un fidèle couple d’amis palestiniens résidant à Abu Dis (les Jahalin sont d’ailleurs installés sur les terres familiales du mari, saisies par les Israéliens…). Les caractéristiques tribales, culturelles et politiques des Jahalin (abandonnés de tous, géographiquement isolés, et résistant farouchement à tout nouveau "transfert") permettaient de susciter aisément l’intérêt - et des fonds ! Certaines organisations israéliennes de paix (Rabbins pour les Droits Humains, Icahd, et Al Bustan spécialisée dans la question des minorités), connaissant le sort des Jahalin, nous ont souvent aidés. Et l’existence de deux petites écoles propres aux Bédouins, gérées par le ministère de l’Education palestinien, nous permettait de nous concentrer sur les enfants : " Il vous faut soutenir la Palestine de demain" nous exhortait A. Jawad…
Ainsi, nous avons atteint plusieurs de nos objectifs, dont l’un était de monter des opérations portées de façon quadripartite : Bédouins, Français, Palestiniens et Israéliens. Nous voulions pouvoir dire en France que cela était possible, et nous voulions démontrer aux Palestiniens que l’on peut coopérer avec des Israéliens. Autre objectif : faire participer les Bédouins aux réalisations : contribution modeste à certains coûts, à des travaux manuels…
Quelques 40 000€ ont été investis en deux ans : une importante subvention du consulat général de France à Jérusalem pour l’amélioration d’une école, un don personnel important d’une militante de l’Afps pour la rénovation de l’autre école, et quelques milliers d’euros de dons divers pour notamment vêtir de neuf et de chaud les enfants et leur fournir une aire de jeux.